July 2010

Au nord du 49° parallèle
index.html Home    Print    Email

Go to www.ibew.org
Les droits des travailleurs cibl és par le gouvernement
de la Saskatchewan

Le Premier Ministre du parti de droite de la Saskatchewan, Brad Wall, poursuit son « assaut législatif » entrepris contre les droits des travailleurs alors qu’il a récemment fait adopter une loi qui s’avère une des attaques les plus radicales contre les droits de la négociation collective pour les travailleurs de la construction au Canada.

Le projet de loi 80 qui fut adopté au mois de mai, modifie la loi du travail dans l’industrie de la construction, en permettant la syndicalisation globale des travailleurs, par opposition à la syndicalisation en fonction des métiers. Avant, les travailleurs syndiqués de l’industrie de la construction devaient appartenir à un syndicat de métier spécifique chargé de négocier une convention collective avec les associations d’entrepreneurs à travers la province.

Plusieurs syndicalistes craignent que cette législation n’ouvre toute grande la porte aux syndicats contrôlés par l’employeur tels que l’Association ouvrière chrétienne du Canada (AOCC - CLAC) et leur permette d’avoir un pied dans l’industrie. Cette situation pourrait affaiblir le pouvoir des syndicats de métiers et mener à une déqualification en gros des métiers en abaissant les normes professionnelles ainsi que les avantages sociaux pour tous les travailleurs de la construction.

En maraudant d’autres syndicats, l’AOCC (CLAC) s’est taillée une réputation à travers le Canada voulant qu’elle s’insinue dans les bonnes grâces des employeurs anti-syndicalistes et coupe dans les salaires et les avantages sociaux.

« L’AOCC (CLAC) se présente devant un employeur en lui offrant un contrat qui, en bout de ligne, lui coûtera 17% de moins que ce que nous demandons. Ce dernier signe l’entente avec l’Association sans même consulter ses employés », dit Gary Vieser, Gérant d’affaires de la S.L. 2038 de Régina.

L’adoption du projet de loi 80 est une pilule très difficile à avaler pour plusieurs dirigeants des syndicats de métiers qui avaient cru aux promesses faites par Wall—peu avant qu’il soit élu Premier ministre—à l’effet qu’il ne toucherait pas aux lois du travail existantes dans l’industrie de la construction.

« Les travailleurs et les travailleuses de l’industrie de la construction en Saskatchewan croyaient que Wall était sérieux dans ses propos en 2007 et qu’il tiendrait parole. Malheureusement, notre expérience avec ce projet de loi 80 se résume à un récit édifiant de faussetés, de mensonges et d’engagements non respectés », écrivait Terry Parker, Gérant d’affaires du Conseil provincial des métiers de la construction de la Saskatchewan dans le Star Phoenix.

Avant d’introduire cette législation, ni Wall, ni le Ministre du travail Rob Norris n’ont pris la peine de consulter les syndicats de métiers. Mais en vertu de la loi sur la liberté d’information (Freedom of Information Act), le confrère Parker a pu obtenir des copies de lettre attestant qu’en 2008, le Président de l’Association de la construction de la Saskatchewan, Michael Fougere, avait proposé au gouvernement de modifier la loi en apportant précisément les changements contenus dans le présent projet de loi 80.

Le gouvernement le plus anti-syndicaliste au pays

Ce projet de loi est la plus récente loi anti-syndicaliste adoptée par ce gouvernement que plusieurs dirigeants syndicaux Canadiens considèrent comme le plus anti-syndicaliste au Canada.

Dès qu’il fut élu premier Ministre en 2007, Brad Wall du Parti saskatchewannais, s’est empressé d’introduire les projets de loi 5 et 6 qui visent tous deux à réduire les droits des travailleurs en milieu de travail.

Le projet de loi 5 donne à l’employeur le pouvoir d’empêcher ses employés d’aller en grève, en déclarant que ces derniers doivent fournir un service essentiel; quant au projet de loi 6, il supprime l’usage d’une majorité de cartes d’adhésion signées pour la reconnaissance d’un syndicat.

« Cette situation irrite certains employeurs car bien qu’ils consentent à reconnaître le désir de leurs employés de se syndiquer, un vote doit quand même avoir lieu », déclare le confrère Vieser.

La situation s’est détériorée à un point tel que la Confédération syndicale internationale a inclus la Saskatchewan dans son « Rapport annuel des violations des droits syndicaux ».

« La province a la distinction d’apparaître sur la même liste douteuse que des pays tels que la Colombie, le Burma, le Bélarus, le Soudan, le Zimbabwe, le Swaziland, l’Iran, le Pakistan et les Philippines, là où des dirigeants syndicaux sont régulièrement assassinés ou emprisonnés pour avoir défendu les droits des travailleurs », a déclaré Larry Hubich, Président de la Fédération du travail de la Saskatchewan.

Deux syndicats du secteur public ont déposé une plainte contre le gouvernement, auprès de l’Organisation internationale du travail—l’organisation chargée de veiller à l’application des normes du travail internationales—qui a reconnu la province coupable d’avoir enfreint la liberté d’association des employés.

Récemment, Wall a rompu une autre de ses promesses électorales en signant le New West Partnership, un accord de libre-échange interprovincial, presqu’identique à l’Entente sur le commerce, l’investissement et la mobilité de la main-d’œuvre (ECIMMO), un pacte commercial entre l’Alberta et la Colombie-Britannique signé en 2007. Il avait pourtant promis de garder la Saskatchewan en-dehors de cet accord.

Tout comme pour l’Entente sur le commerce, l’investissement et la mobilité de la main-d’œuvre (ECIMMO), ce pacte de libre-échange entre les provinces de l’Ouest autorise les entreprises ou les individus à intenter des poursuites contre les gouvernements provinciaux relativement à tout règlement, politique publique ou législation sur les normes de la santé publique, de l’environnement et de la sécurité qui pourrait constituer une restriction à l’investissement.

« Le seul objectif visé est de diminuer la valeur des normes provinciales au dénominateur commun le plus bas », ajoute le confrère Vieser.

Une réplique de la population

Le confrère Vieser affirme que le mouvement syndical compte sur l’action politique populaire pour affaiblir la majorité détenue par le Parti saskatchewannais à l’Assemblée, en se concentrant sur sept sièges que le parti avait acquis par une faible majorité de 300 votes.

« Nous avons fait beaucoup de porte à porte afin de distribuer des prospectus dans cette région et nous expliquons aux électeurs que ces attaques touchent toute la population active », explique-t-il.

« La Saskatchewan a déjà été la pionnière des lois du travail progressistes au Canada. Nous devons mettre un frein aux politiques anti-syndicales de Wall avant qu’elles finissent par devenir un modèle pour les autres politiciens anti-syndicalistes à travers le pays », conclut Phil Flemming, Vice-président international pour le Premier District.